Scènes vagabondes … en avril

Retours d’Olivier Bonnet, président de l’association :

Nous sommes heureux de vous faire part de nos premières impressions sur « Scènes vagabondes », ce festival d’Art et Culture-La Chouette, en itinérance et dédié au théâtre. Il a débuté de belle manière et, entre le délicat et dentellé « Blues des planches » et le détonnant et puissant « Jogging », il y a eu, dans des registres différents, matière à goûter le plaisir d’être spectateur.

À Lambruisse le 18 avril (48 spectateurs) et Braux le 19 avril (19 spectateurs), c’est la Cie Informel, basée à Marseille mais très présente sur le territoire, qui ouvrait le bal des sept pièces qui vont s’échelonner sur cinq semaines. Il s’agissait du « Blues des planches », d’après une sélection de textes du dramaturge Jean-Paul Alègre réalisée par les comédiens eux-mêmes, Frank Gétreau et Frédéric Dufour, à l’aune de leurs ressentis et réflexions sur le théâtre et leur métier d’acteur. Cette série de saynettes se déroulait au sein d’une scénographie minimaliste et intimiste et composait une forme de mise en abyme du théâtre impliquant deux personnages, comédiens de leur état, dans des dialogues plein d’esprit, où l’absurde côtoyait le cocasse, et où l’illusion théâtrale se heurtait à la réalité. Ce spectacle à l’interprétation juste connut une réception enthousiaste, un spectateur lambrussien soulignant avec plaisir le caractère ciselé du texte.

C’est à Castellane, au lieu de La Garde, en raison des caprices du temps, que la pièce de théâtre de rue « Jogging » de la compagnie bretonne Qualité street avait lieu, devant 95 spectateurs. Un bunker, abri par temps apocalyptique et outil pour voyager dans le temps offrait un décor insolite. De celui-ci allait surgir successivement une galerie de personnages, interprétés par le même comédien, Gildas Puget, vagabond émouvant ou insurgé vibrionnant. Hormis dans la scène inaugurale et sa symétrique finale, chaque personnage nous faisait voyager dans le temps : dans le futur, en 2150 sur une planète ne comportant que de rares lieux habitables, convoités par des millions de migrants climatiques; en 2090, lorsque qu’un général envisage, devant les renoncements politiques, d’établir une dictature écologique…Étaient aussi évoqués les grands moments révolutionnaires, la Révolution française, la Commune, fondateurs de notre identité républicaine. Dans une langue magnifique, servie par une interprétation époustouflante, Gildas Puget, accompagné de Régis Langlais, procurant en live l’habillage sonore et de la technicienne Belinda Cateau, proposait un divertissement satirique remuant, jamais avare de détails cocasses, où la lucidité du propos se déployait sans aucun esprit sentencieux. Les artistes furent chaudement et vivement applaudis.